Un homme a de l’esprit quand il manifeste une certaine indépendance à l’égard de l’attente commune. Il produit une surprise, et une surprise qui le fait paraître sur le moment plus libre, plus rapide, plus perspicace que ses semblables. Ils demeurent étonnés et un peu scandalisés, comme le serait une bande de quadrupèdes d’avoir vu s’envoler d’entre eux, et au-dessus des murs qu’ils croient les enfermer, l’un d’eux, qui était secrètement ailé.
Paul Valéry – Mauvaises pensées.
26 Col marmite
Interstellar Overdrive
Dans la pénombre, la capuche usée du vieil homme s’agite sous les bourrasques fréquentes Nord/Nord-Est de 6 Beauforts, fouettée sec par les rafales de sable. Il conseille qu’à tour de rôle, chacun des quatre marcheurs évolue à bonne distance des trois autres, tout en restant constamment à portée de voix. Afin que le groupe, ainsi divisé, soit un petit peu moins vulnérable au danger. Précédée de son ombre lunaire, la bande avance en silence. Seule la rotule cuivrée de l’étalon émet un cliquetis monotone, qui se perd dans l’entrelacs noir de dunes et le mugissement ininterrompu du vent. Le technocanasson porte sur le dos une dizaine de baluchons bien gros, bien gonflés, entassés et liés entre eux par une canonique corde détressée. Xavier y pioche, tout en marchant, des gourdes en peau de bébé phoque d’avant-guerre, et des barres croquantes, qu’il distribue, une par tête de pipe, à l’assemblée, qui commence à afficher de sérieux signes de fatigue. Il leur propose de bivouaquer au point culminant de la haute dune dont ils longent, à découvert et vent debout, la ligne de crête, depuis une bonne heure, puis sort de son attirail un tas de tapis colorés moches, genre serpillières, faits d’une maille de chanvre épaisse détissée, et un dessus-de-lit paléolithique tout mité, galeux, petits carreaux vichy bleu et bandes rose cadavre, sur lesquels ils pourront s’allonger après avoir, au préalable, défini, comme il se doit, l’ordre des quarts à la courte paille. Le sirocco gémit, infatigable, en léchant le sommet des dunes. Iliah et Tony roupillent déjà à poings fermés. Proches, l’un face à l’autre. Des ronflements discrets réguliers montent de leur couche, signes tout à fait caractéristiques d’un sommeil profond et apaisé. Indira, assis en tailleur sur son tapis pourri, s’envoûte sur l’émouvante voûte étoilée. Xavier, allongé en odalisque à ses côtés, tire sur une longue pipe en roseau qu’il a extirpée d’un de ses pochons crasseux moyenâgeux. Un dragon sfumato sinue joli dans le noir, accompagné d’une odeur pimentée un peu entêtante, qu’Indira ne reconnaît pas tout à fait. Les courbes océanes du sable évoquent dans la quasi-obscurité une partition délicate de vénus enlacées dans un coït sans vie. En parcourant des yeux le cosmos, son attention est attirée pour la première fois par un des éclairs énergétiques indescriptibles qui jaillit soudain du disque lunaire argenté, bas sur l’horizon et pile dans sa direction. Le satellite pris d’onanisme électronique est demeuré dans leur dos, leur rando durant, aussi ne les a-t-il pas remarqués plus tôt.
– Qu’est-ce, mais qu’est-ce que c’est que… ça ? il croasse, interloqué. Et on le serait à moins. Xavier, avant de répondre, se fend d’une longue inspiration sur son roseau, qui réveille lentement l’incandescence indigo de son foyer en fibres d’étain.
– À ce que je crois savoir, les Chinois ont balancé là-haut vers 2028 des robots miniers, dans le but, paraît-il, d’y extraire des métaux qui commençaient à franchement se raréfier, sur notre vieux sol. Tout le processus était censé être entièrement automatisé, y compris l’expédition sur terre des minerais récoltés. Mais je sais même pas si ça a jamais réellement fonctionné, en vérité. Et si c’est lié, d’une manière ou d’une autre, à ce qu’on aperçoit à l’houante qu’il est. Ce que je peux en dire, c’est que les scintillements qui foisonnent à la surface ont apparu juste après le jour d’après. Et s’étendent peu à peu. Comme si quelqu’un, ou quelque chose, était en train d’y construire une structure immense, qui reflète les rayons du soleil. Et pour les astroéclairs, ou quoi que ça puisse être, ils ont débuté plus récemment, y’a environ trois ans. Avec toujours la même étonnante périodicité. Mais ça fait, hélas, partie intégrante du nombre insensé de nouveautés inexplicables à la con qui abondent, en ce bas monde.
Indira acquiesce en silence, moyen rassuré, s’allonge à son tour, les paupières exceptionnellement lourdes, baille aux corneilles sept fois d’affilée, puis sombre dans un sommeil plagiaire peuplé d’imaginaires robots colossaux aux allures animaloïdes, titans transformistes d’acier scintillants de tous leurs pixels, se livrant une guerre fratricide à grand renfort de plasma laser, sur la surface lunaire grêlée de ses silencieux cratères.
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Il est réveillé au petit jour par la bombe atomique, qui le secoue sans aucun ménagement, du pied.
– Matez là-bas, y’a de la fumée ! s’époumone la jeune sauvageonne hypermignonne, à l’adresse des trois mecs écroulés. Il semblerait que Tony, qui était censé assurer le dernier tour de garde, se soit finalement laissé gagner par une somnescence lourde pas programmée, dont il a, faut croire, le plus grand mal à émerger. Un peu comme celle des matins des grands soirs. Un panache paresseux capote effectivement tout léger de derrière les dunes, à une bonne lieue. C’est Xavier qui tranche, d’une voix enrouée :
– On va y aller, mais gare aux mauvaises surprises. Restez sur vos gardes, dites vous bien que tout le monde dans ce trésert n’est pas aussi amical et bienveillant que moi. Si vous voyez ce que je veux dire. Ramassez vos affaires, on reprend la route .
Tony se serait volontiers préparé un expresso, au moins, avant de repartir crapahuter sous ce cagnard accablant qui fait déjà suer à grosses gouttes chacun des pores de sa peau, sous son indémodable t-shirt Akira trempé. Mais le garde-manger sur pattes de Xavier n’a pas trop l’air d’inclure le désirable breuvage, alors tant pis. Encore léthargique et jet laggé, il se lève sans aucune conviction, en maugréant. Puis, après quelques jurons gratuits, à l’attention de ce désert pas marrant, il démarre à contrecœur sa journée, déjà courbaturé, déjà titubant à moitié, derrière ses congénères qui le distancient déjà un peu, suivant involontairement le conseil avisé qu’a donné leur aîné encapuchonné, de toujours le groupe en deux scinder.
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Indira arrive premier en vue de l’hécatombe. Le vent du Nord charrie une odeur âcre de charogne fraîche qui noue les tripes violent violent. Il reconnaît les chariots qu’il a aperçus la veille, à Mororkonn, auprès desquels gît un kadru éventré couché sur le flanc, d’où naît la fine fumerolle gris jaune. Un protoplasme gélifié de silicium radioactif chuinte de la carcasse déchirée, qui exhibe du coup au public ses gros boyaux à FLHFKMM [8] . Deux autres bots identiques, eux a priori épargnés, sont attachés aux charrettes, les pattes repliées sous la coque. Devant l’entrée d’une grande canadienne, le sable est moucheté de caillots et filets noirs, dans une impressionnante abstraction expressionniste à la Pollock. Et le Bacon qui va de pair ne doit pas traîner bien loin. Le soleil a beau dispenser déjà trop généreusement ses brûlants photons, le souffle glacé de la mort, tangible, courre sur sa peau et lui file une bonne chair de poule. Iliah et Xavier le rejoignent vite.
– Ça ne porte pas la signature des EVILL, ces saloperies n’auraient même pas pris la peine de passer par l’ouverture, argue leur cornac barbu. Iliah approuve d’un mouvement de tête discret, et sent une grosse boule acide hyper désagréable se former au fond de sa gorge. Ils se laissent glisser sur la pente de sable, accompagnés de l’étalon chargé dont Xavier tire sans vigueur les rênes d’une main, l’autre enserrée autour de son fidèle bâton de marche qui a une nouvelle fois apparu de sous sa nurka délavée. L’ambiance est anxiogène, limite sinistre. Au niveau de puanteur exceptionnel, on peut dénombrer au moins six cadavres distincts, probablement plus, d’après Xavier. Il ne manque que les vautours, dis donc. Tous se tiennent sur leur garde, flairant l’exhalaison exécrable de l’embuscade. Vigilants, ils parcourent lentement le creuset du regard. Sur leur gauche, un pan d’ardoise haut comme un immeuble de cinq étages coupe le flan d’une grande dune, sa tranche plane en brise net l’harmonieuse ondulation. Le vent s’est tu, aucun son ne perturbe plus le calme macabre des lieux. Au pied de la pente qui fait face au superbe éperon rocheux, Mégildas émerge en long redressement sablonneux, d’un remblai sous lequel il s’était entièrement enfoui accroupi. Il brandit sa carabine devant son nez, tient en joue les trois comparses et hèle son acolyte qui apparaît en renfort l’instant d’après, perclus lui aussi de la tête aux pieds de grosses croûtes couleur sable, qui se désagrègent sur les gravillons blancs au sol.
– Sale Poussière, voilà bien là une conviviale brochette d’imbéciles ! Oui, on vous a entendu rappliquer de loin, tas de crétins. Et maintenant, allons donc découvrir sans tarder ce que ce fier destrier trimballe d’intéressant. Puis on ira direct vous brader à Samalcande, tiens. Vous êtes cuits, mes jolis. Cette jouante s’annonce sous les meilleurs auspices, bon sang de zard ! Et toi, Furiosa, essaie juste de me sauter dessus, une fois de plus, rien qu’pour voir. On va bien se marrer cette fois ! crache le colosse caractériel, en pointant la bouche de son canon entre les deux grands yeux noisette d’Iliah.
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Tony, à la traîne et toujours pas très frais, a vu de loin ses compagnons s’engager, puis disparaître, dans la ravine. Et il atteint maintenant sans pep le sommet d’une des collines qui surplombent le cirque et l’escarpement à pic. Dès qu’il les aperçoit en mauvaise posture, pris d’un commencement de début de panique, il se jette face à terre pour éviter d’être repéré et se triture de suite les méninges, afin de trouver rapido une bête d’idée lumineuse qui pourrait les tirer du traquenard avéré dans lequel ils viennent de se fourrer. Il fouille au pifomètre dans les poches de son jean, y déniche l’inutile et mort Mi-15, et son Zippo préféré. Ça fait tout de suite tilt. Les deux zigues qui les tiennent en joue sont dos à lui. Impec. Un sourire franc naît à la commissure de ses lèvres, tandis que son sang se met à bouillonner. Il serre les fesses, dévale sans gloire la dune, se laissant glisser sur le sable et sur le cul, véloce mais discret, puis se faufile derrière une des charrettes. Pouls à 350, tension 22-20, il gratte son briquet sous un gros sac de toile éventré qui, bien vite, s’embrase. Tony espère que ça produira une diversion inopinée suffisante dont ses amis pourront profiter. Sitôt fait, il s’éloigne du début d’incendie déclenché et se planque vaillamment, à genou, derrière le chariot le plus proche. Le foyer se propage en serpentant dans la pile de vieilles paillasses entreposées sur le plateau, puis commence à lécher les gros jerricans variés sanglés juste un peu plus haut. S’ensuit une détonation du feu de Dieu, qui doit s’entendre jusqu’à Mororkonn. Même le grand surplomb d’ardoise en tremble. Mégildas, qui se trouve être le plus proche de la flambée, est heurté de dos par le souffle monstre. Une pluie de débris enflammés imbibés voltige tout autour de lui, dans un vacarme de malade. Le mastodonte se retrouve face contre terre, en prise aux flammes, le bras gauche pris de combustion spontanée. Magilan, encore occupé à épousseter sa chemise toute salopée, est lui aussi propulsé avec vigueur au sol, percuté frontal et de plein fouet par une planche d’étal catapultée. Iliah, profitant de l’imprévue opportunité, bondit au pied levé, l’épaule la première, comme une célèbre goal française téméraire de finale de coupe du monde footballistique féminine, sur la carabine tombée à terre, qu’elle brigue depuis une plombe. Hyphrion s’étant montré plutôt introverti jusqu’à présent, se cabre, tout simplement magnifique. Un projectile bohème d’acier affûté, dans une descente de parabole spiraloïde hélicoïdale, transperce son encolure de part en part. le yearling noir stoppé net dans son élan retombe lourdement sur le flanc, dans un ultime et absurde hennissement contestataire étouffé. Une flaque opaque de sève vitale, toute poisseuse, s’étale sur le sol blanc. Tony, toujours tapi derrière sa charrette, et Indira, aux premières loges, observent le carnage, incrédules. Le souffle a retiré d’un coup sec la capuche de Xavier. Il parcourt du regard la scène qui a fini, finalement assez vite, par prendre une tournure plus ou moins catastrophique. Le sémillant quinqua cueille au passage une des vareuses jetées bas tout près du macchabée de l’étalon terrassé, puis se précipite sur le kadru. Celui attelé à la charrette derrière laquelle se niche toujours Tony, prudent. Il soulève le vieux clapet en ferraille qui dissimule le pupitre de commandes à la proue du robot inerte, et actionne le levier principal sur «Avance Autonome Rapide».
Voyez-vous, ces engins sont essentiellement configurés comme autoporteurs multi-charges, de sorte qu’ils emboîtent en temps normal le pas de la dernière personne qui les a activés, mais peuvent, si besoin est, suivre un parcours préprogrammé, aidé de leur récepteur GPS, ou bien alors filer en ligne droite, si ce mode est enclenché sans qu’aucune donnée de géolocalisation ne soit au préalable renseignée. En 7 secondes précisément, le kadru initialise son système puis ses servomoteurs, dans un vrombissement puissant, se redresse de toute sa hauteur, et entame au quart de tour une ruade brusque qui pourrait être celle d’un taureau en rut, speedé à la testostérone du printemps, ou à la FLHFKMM dans ce cas précis, entraînant derrière lui son chariot, dont une des deux roues a été fort amochée par l’explosion. Tous s’y cramponnent en cohésion, tant bien que mal. Notre valeureux Tony est un peu charrette là, traîné sur le sable. Il a saisi au vol de justesse une vieille sangle qui pendait à l’arrière de l’étonnant attelage. Magilan, lui, tente à grand-peine d’étouffer les flammes qui ravagent son compagnon tombé à terre, projetant autant de graviers et tout ce qu’il peut sur le pauvre diable en feu. Mégildas hurle, pris d’une curieuse danse de Saint-Guy. Il roule et roule, comme s’il était simultanément attaqué par cent crotales survitaminés.
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Les pattes d’acier filent à toute blinde, droit sur la plus haute des dunes. La roue bousillée tient le coup. Pour l’instant, quoi. C’est à peine si les maigrelettes articulations freinent leur course effrénée lorsque la pente ascendante s’incline à plus de quinze degrés. Les rotors à VACHE [9] , à plein régime, sifflent leur mécontentement sous la coque de la vieille bête. La charrette, elle, n’est pas aussi robuste que le puissant kadru. Chaque nouvel à-coup semble prêt à désolidariser définitivement sa structure. Tony profite de la décélération brute de la lourde remorque lorsque le tracteur bondit en négociant le sommet, pour se hisser élégamment sur la plate-forme. Puis s’accroche, comme ses amis, aux sangles relâches qui maintiennent encore, comme elles le peuvent, les bidons et les caissons, en une masse vaguement compacte qui menace clairement de se désagréger, dès qu’elle en trouvera l’occasion. La roue souffrante gémit, se voile dangereusement. Chaque patte du bot est terminée de trois sabots d’acier préhensiles très rudimentaires que le gros machin manie avec une dextérité déconcertante sur le sable. Il entraîne le chariot à cinquante kilomètres-heure dans les dunes. Mais au bout de dix minutes, l’attelage finit par ralentir : il est neuf heures du mat et les batteries solaires PAPAPOI [10] n’ont eu que peu de temps pour recharger. Et le mode rapide est terriblement gourmand en énergie. La roue voilée s’enfonce profond dans le sable, sur les derniers mètres, avant que l’ensemble bringuebalant ne se stabilise enfin, dans un dernier craquement mat.
– Aucun blessé ? s’enquiert immédiatement Xavier, en sautant lestement du plateau. Ils sont tous quatre sains et saufs, et c’était pas gagné d’avance, là, pour tout dire. Xavier et Indira inspectent la roue endommagée, plus haute qu’eux : un seul des trois énormes rayons en bois tient encore d’un seul tenant. C’est foutu, la charrette ne repartira plus.
Tandis que l'accorte brunette, en vigie, son nouveau calibre en main, scrute à la loupe leurs arrières, toute prête à en découdre si d’aventure ils avaient été suivis, les trois mecs entreprennent de dresser l’inventaire de ce que stocke le chariot. Tony a quand même hérité de quelques jolies égratignures, et d’une clavicule luxée. Rien de bien sérieux. Et bon, de toute façon, pour trouver un médipack, des larmes de phénix ou juste même des bêtes antiseptiques, dans ce trou, c’est mort…
Xavier explique : – le kadru est suffisamment résistant pour nous porter tous les quatre, en sus de pas mal de fret… comme ses panneaux solaires seront couverts par les sacs lorsqu’on avancera, on sera contraints de le laisser recharger durant la jouante, à vide, et on progressera la nuit. C’est de toute façon plus discret et prudent, vu l’engeance débridée qui traîne dans ce trésert vulgaire.
La charrette contient des cantines militaires en fer, rongées, pleines de barres croquantes. Les mêmes que celles que l’aïeul leur a gentiment offertes la veille. Et des bidons d’eau bicentenaires en plastoc, autrefois blancs, maintenant multicolores, qui devraient leur permettre de tenir une petite dizaine de jouants, en se rationnant. Le vieux routard ne fait aucun cas des carcasses ménagères rafistolées, ni des sacs de jute éventrés. Même si ceux-ci accueillent encore pas mal de restes de la même poudre grossière qui a constitué la cure nauséabonde d’Iliah, lorsqu’elle suivait le Mégildien convoi. Il leur préfère quatre planches de plateau et la grande bâche verte.
– Ça nous abritera des UV la jouante, qu’il dit, et du vent la nuit.
Il décloue ensuite proprement les quatre longs rayons en bois intacts des roues du chariot, qu’il fixe à l’horizontale, en transversale, sur le dos du robot, coincés sous les épaisses tôles gondolées et patinées qui constituent son exosquelette. Indira et Tony, échaudés par leur dernière rencontre, se façonnent, eux, pendant ce temps-là, des gourdins de barbare de fortune, faits de planches vermoulues et de clous tout rouillés.
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Le zef harcèle tranquille les dunes tandis que le soleil entame, pépère, sa course accablante au-dessus du trésert. Aucun signe de vie, où que porte le regard. Le remarquable nuage noir qui s’élevait du cirque qu’ils ont quitté à la hâte a fini par se dissiper. Le quatuor s’installe au calme sous la large bâche kaki militaire, auvent improvisé tendu entre ses quatre piquets. Et tous somnolent et se prélassent dans une torpeur pleinement régénératrice, en attendant le moment où la lumière ardente déclinera, signe que les batteries de leur monture seront de nouveau au top niveau, et qu’ils pourront reprendre leur odyssée.
[8] Fission Lente d’Hypophyse de Fœtus de Kangourou Mâle Mort-né
[9] Vélocité Absolument Carrément Hautement Époustouflante
[10] Pile d’Assistance à Pulsation Asymétrique de Plancton de Ouagadougou-Ion