La maitre machine

26

Lit vide

 

Live at Pompeii

 

 


 

  Les remparts abrupts du grand croissant se dessinent depuis quarante-huit heures déjà dans le lointain. Ils apparaissent au jouant, par moments, un coup par ici un coup par là, derrière l’épaisse brume de chaleur, pareils à un régiment de majestueux géants bleus assoupis, et occultent les étoiles la nuit, de leur grosse absence noire.

  Xavier, à la barre, a légèrement réorienté la marche de XO vers la base d’une colossale formation nuageuse super opaque, à l’allure de champi géant, qui se déploie lentement dans l’atmosphère. Bien trop blanche et nébuleuse pour être un simple cumulonimbus commun. Tony, d’une toute nippone tirade inspirée de relents métaphoriques de nystil, rappelle à la cantonade que depuis qu’il a débarqué sur Sunland, il fait que ça, courir après les nuages…

  Ils comprennent rapido à quelle nouvelle singularité ils ont affaire, lorsque le sommet conique point enfin, au-dessus de l’horizon dansant, le bout de son nez gargantuesque. La masse noire crève le visage sans aspérité de la plaine. Le volcan sans nom est actif, c’est clair, mais apparemment plus vraiment en éruption. Il a sans doute émergé lors des grands séismes, créant de fait un nouveau relief, et non des moindres, au voisinage de l’archaïque chaîne péritéthysienne, pourtant déjà bien lotie en la matière. Les sulfites qui s’élèvent à des kilomètres et des kilomètres d’altitude proviennent des trois fumerolles qui s’échappent du versant nord. Le cratère principal n’émet, lui, qu’un ruban de brume inconsistant qui couronne, à l’arrêt, la crête annulaire de l’immense piton rocheux. À mesure qu’ils s’approchent du mont nouveau-né, le sable laisse place à une mer de pierres noires poreuses, friables et carrément tranchantes. XO grince et fait grise mine, adapte comme il peut sa démarche, perd un zeste de vitesse. Le quatuor convient à l’unisson de longer la ligne de crête du colosse, du côté opposé de celui duquel montent les volutes, curieux et déjà impatients de pouvoir admirer de près son fond. En bifurquant de la sorte, ils allongeront leur voyage d’une bonne jouante, mais tout en se rapprochant quand même de toute façon des hauts sommets qu’ils auront immanquablement à gravir, dans les semaines à venir. L’ascension pénible du mammouth leur prend effectivement un aprèm complet, ralentie par XO, qui peine à trouver des appuis assurés dans cet océan de roches traîtresses qui se désagrègent sans cesse sous la pression de ses gros sabots d’acier. Les trois gars ont abdiqué, et marchent à côté de l’automate acéphale, pour le soulager. Seule Iliah, exemptée, car toujours pieds nus, la pauvre, chevauche le robuste mecha en laissant ses gambettes pendre devant la proue gondolée.

  Nous entrions sur des territoires inconnus, faisant l'histoire à chacun de nos pas, cite Tony, jaune. Les coulées magmatiques écarlates s’exhibent à cinq bornes à peine du sommet, de leur munificence ruisselante. Le sol dégueule la roche en fusion, qui se répand en aval en interminables vers aveuglants. L’œuf pourri attaque par vagues désagréables. Les voyageurs essaient de filtrer leurs respirations en enroulant leurs fringues en foulards, en vain. Au fond du cratère, la caldeira offre à la cornée émerveillée la fresque féerique de son lacis virgilesque. Les veines pivoines strient la lave en ébullition, signe qu’ils ont atteint le cœur palpitant du géogolem. Des stalagmites de basalte fondu se dressent sur leur chemin, en grappes surréalistes de créatures humanoïdes de cire noire. À l’orient, juste en deçà de la crête, sur le versant abrupt qui domine le cratère, un gros bunker bétonneux s’est encastré dans la roche. L’inquiétante architecture est fendue en deux cubes, dont le plus long s’est affaissé et penche maintenant dans une inclinaison telle qu’il semble prêt à chavirer à tout instant, pour s’offrir une glissade dantesque vers le lac de magma en fusion. La montagne vivante nimbe le crépuscule d’un grenat profond qui fait ressurgir, des recoins vaseux et obscurs de la boîte crânienne déjà esquintée de notre chère Iliah, de bien tenaces démons. Un truc de l’ordre du reptilien, en fin de compte : la pauvre fugitive se contracte, sentant un muscle incontrôlable vibrer, bien malgré elle, à sa commissure labiale.

  Celui de la pétoche.

 

 

 

 

  Alors qu’ils se rapprochent de la structure déchirée empêtrée dans la roche, les quatre comprennent que ce qu’ils ont d’abord pris pour les vestiges d’une immense friche industrielle, n’est ni plus ni moins qu’un multiplexe UGC, que la terre courroucée a soulevé n’importe comment dans son déchaînement tellurique, comme s’il se fût agi là d’un gros LEGO pas plus lourd qu’un simple fétu de paille, puis broyé et immobilisé dans cet angle préoccupant, avant de le lâcher là, tout seul, livré à son triste sort. À l’avant du gros démoli, le mur qui supportait l’écran blanc de la salle de ciné principale s’est effondré, ouvrant la vue du lac ignivome à des dizaines de rangées de sièges vides inclinés. Iliah, tandis qu’elle gravissait le volcan, a appris à contrôler la trajectoire de XO en balançant sa jambe devant la COSSE du robot. En même temps, lui s’est apprivoisé aux mouvements sur deux axes que lui transmettent ses capteurs. Et cette feignasse dirige maintenant la marche mecha de sa seule jambe gauche, tout en tenant la crosse de sa carabine bien fixée à l’épaule, prête à faire feu au moindre pépin. Indi porte sa sulfateuse de semblable manière, arc-boute sa démarche pour aligner son œil sur le guidon, et avance à distance de bras de la tôle latérale gauche du bot. En soutien, Xavier et Tony progressent synchros un peu plus haut, dans le raide éboulis de quartz, d’un même pas méfiant, armés l’un de la carabine de Josette, l’autre d’un des gourdins supplétifs bardés de clous tordus. Au-dessus du feu, le bâtiment détruit se rapproche. Ils ont repéré de loin deux accès, peut-être praticables. Un escalier de secours, qui mène tout droit à une sobre coursive de service, puis à une porte découpée en plein centre du carré de béton rouge incliné. Et, à la base du gros édifice, au niveau de la fracture qui le traverse de bas en haut, deux longues planches en contreplaqué bancales, qui ont été disposées parallèles en passerelle sur des escarres noires de plutonium qui dépassent, pour faciliter l’accès à un vaste hall, exposé complet aux vents. L’immense dalle, toute recouverte de moquette rouge, s’élève, oblique, du sol, jusqu’à trente bons mètres de haut. La moitié de l’énorme navire des Arts échoué flanche quand même, de traviole, à pas loin de quarante-cinq degrés. En surplomb, la crête sombre dessine une fortification naturelle dentelée, ciselée, contre l’inquiétant ciel rouge étoilé.

  Un blond chétif tout sec, tanné, en marcel et treillis kaki, surgit tout à coup des rochers, isolé, accolé à sa barricade de caillasses, comme un djinn impromptu, sorti tout droit des enfers.

  Une vingt-deux long rifle en main, le djinn.

  L’apparition inattendue domine le petit groupe de sa position, ce qui n’est jamais une bonne chose, dans la triste hypothèse où un combat dût être engagé. Mais là, en l’occurrence, le petit homme ne paraît pas plus hostile que ça.

  Bienvenue, inconnus. On va la faire simple. Si vous n’y voyez pas d’objections notables, je suggère que nous rengainions tous nos flingues. Et si vous vous présentez ici sans animosité ni intention tordue, j’me propose même de vous offrir, sans chichi, le couvert et le gîte pour la nuit. J’me nomme Zee, et j’loge ici depuis six mouants maintenant. J’ai vécu longtemps durant, comme beaucoup d’entre nous, une existence dissolue à la Keith Richards, qui fête aujourd’hui même ses 113 printemps, d’ailleurs, puis suis tombé par miracle, un jour béni des dieux, sur ce joyau architectural unique, et ai décidé de m’y installer.

  Notre clique reste tout de même méfiante, voire rétive : le gus compte une trentaine de piges à peine, et était donc, comme Mégildas, gamin, aux houantes du Grand Recommencement. Toute une génération de bambins qui ont dû voir, revoir et revoir encore les champis géants se déployer dans leurs petites têtes blondes, la nuit. Des chambranles de portes de chambres qui tremblent. Qui font boom, même. Pas super bénéfique en tous cas, pour les chakras de ces ados du chaos…

  – Vous êtes des déplacés, non ? Attendez, laissez-moi plutôt deviner, c’est plus marrant. Moïse là, toi t’es un rescapé de la bombe, et ta nurka usée comme un fond de culotte, nous dit qu'elle a vu bien du pays. La jolie petite demoiselle, sur le gros C15, elle, elle vient de la Miliance, ou bien alors elle a piqué la tenue officielle d’une Milienne vernaculaire. Mais non, c’est bien une évadée, obligé ! Ça s’lit dans ses beaux yeux ha ha ha ! Quant aux deux échalas, vous, vous débarquez tout droit du monde d’antan. Et à l’état de souffrance lamentable des guenilles qui vous tiennent lieu de loques, je subodore le problème dater d’un mouant ou deux, à vue de nez. Allez, racontez-moi alors, qu’est-c’que vous foutez donc sur la tranche du grand chaudron ?

 

 

 

 

  Tout en écoutant la réponse d’Indi, qui lui expose l’affaire dans les grandes lignes, Zee les invite à le suivre sous la coque du gros déchiré. Iliah saute de son carrosse de ferraille, pour pénétrer la folie visuelle penchée d’un univers tout de guingois.

  – Gaffe où vous posez les pieds quand même, ça glisse sévère…

  Le petit homme se déplace, lui, avec aise, sur la moquette épaisse, tel un habile lutin sauteur, entre comptoirs de teck ciré inclinés, fauteuils, tabourets et tables échoués, accumulés dans les angles les plus bas de la vaste salle en biais. Ambiance surréaliste. Le corps humain n'est pas habitué du tout du tout à se mouvoir dans un environnement où absolument tout donne du gîte. Les repères optiques sont constamment leurrés. Et chaque pas demande un réel effort de concentration, pour prévenir l’inévitable gamelle et sa concomitante glissade. Zee les entraîne en sifflotant dans un escalier pentu en colimaçon, ceint dans une cage circulaire d’alu, qu’il gravit prestement en posant tout naturellement les pieds sur les contremarches. Ils découvrent alors, sur une vaste mezzanine, ce qui doit être le seul espace quasi horizontal de toute cette grosse architecture W.T.F. Un ex-mur incliné, devenu un sol, sur lequel le nouvel occupant des lieux a aménagé deux grands sofas, une table banale et un comptoir à popcorns. Le ciel étoilé et l’aura empourprée du volcan éclairent l’ensemble avec chaleur, à travers une grande verrière de toit sphérique, qui a survécu à l’éruption par un tour d’équilibriste que seul Newton aurait été capable d’expliquer correctement. Le vivace exilé a l’air extrêmement impatient de leur faire faire le tour du proprio, mais ne déroge pas pour autant à ses devoirs d’hôte et leur propose, avant toute chose, comme promis, de se restaurer. Il laisse en plan ses convives quelque peu dubitatifs, mais attablés, puis rapplique cinq minutes plus tard, bel et bien chargé d’un grand plateau style tajine, farci de tomates cœur de bœuf mures à point, et d’affriolants melons jaunes pas ronds, qu’il distribue de façon équitable à l’assemblée.

  – Je vous ferai voir tout à l’heure, j’entretiens un potager à l’arrière du bâtiment. Ce coin est si riche en possibilités insoupçonnées que c’en est inimaginable. Le volcan a soulevé toutes sortes de roches, mais aussi de la terre. Et j’ai dégoté dans les sous-sols du ciné une énorme citerne, probablement prévue en cas d’incendie, qui a même pas bougé.

  Après les deux échauffourées passées, nos aventuriers sont de plus en plus positivement étonnés de croiser cette bonne âme, recluse certes, mais flegmatique, avenante et affable. Tout simplement bienveillante, en fait. Autour de l’inespéré et roboratif gueuleton improvisé, tous, la bouche pleine, partagent quelques historiettes et faits de guerre. Puis Zee leur enjoint de faire comme s’ils étaient chez eux. Il entraîne Xavier et Tony voir son étonnante découverte, comme il l’appelle, tandis qu’Iliah et Indi s’installent dans la grande salle de cinoche qui domine le lac de magma bouillonnant. Lequel remplace à la vue l’espace auparavant occupé par l’écran, et offre maintenant aux yeux ébaubis des spectateurs vernis, le flux envoûtant de ses cents sinueuses veines écarlates. Les deux amis laissent pendouiller leurs jambes au-dessus du vide, tout en bas des rangs obliques de sièges fauves, en dégustant un sac de popcorns sucrés millénaires généreusement offert par la maison. Quarante mètres plus bas, la lave s’est solidifiée, figée dans un super pudding géant, sombre, boursouflé, et tout craquelé de partout. Sans aucun doute encore ardent. Puis, au fur et à mesure que le regard s’égare vers le fond du cratère, les venelles éblouissantes des lucarnes se multiplient et se télescopent en flaques de camaïeux d’oranges purs, crevées ici et là de grosses bulles soufrées jaunasses. Les effluves de soufre sont tenaces, la chaleur aussi, quoiqu’adoucie : ce soir, une brise continue bienvenue souffle les volutes vers le versant ouest. Un ovni flamboyant zigzaguant survole les enfers en toute hâte. Un pic phénix peut-être. Iliah s’est dégoté un dossier tout confort, en la cage thoracique d’Indi. Les deux sont calés comme ça depuis un bon moment, complètement captivés par le spectacle fascinant dont leur fait don mère nature, et juste heureux de se retrouver alanguis de la sorte, dans une si agréable promiscuité, le temps de ce trop bref tête-à-tête privilégié, maladroit, mais charmant, entrecoupé des craquellements de popcorn grignoté, sous un cœur de gloussements de guiliguilis introspectifs.

 

 

 

 

  L’ermite a monté à l’arrière du ciné une cabane, de guingois elle aussi, faite de plaques de placo dépareillées qu’il a dû dénicher ici et là, dans les débris de la moitié broyée du géant de l’Entertainment. Il a l’air de l’utiliser comme gourbi de toutes les trouvailles plus ou moins utiles qu’il récupère dans les entrailles disloquées. Et il extirpe de l’impressionnant bric-à-brac, en état de désordre prononcé, une jolie lunette d’astronomie blanche, version tubby.

  – Ils ont probablement utilisé au départ ce truc pour la décoration d’une soirée à thème, ou le lancement d’un quelconque blockbuster hollywoodien, va savoir. Vous ne vous imaginez pas tout ce qu’on peut pêcher dans un coin pareil !

  Et, en effet, à voir l’amoncellement éclectochaotique entassé bien bien à l’étroit dans le modeste réduit, ils commencent à sérieusement réaliser. Y’a même un Tom Cruise en carton grandeur nature. D’une succession de gestes précis, Zee positionne l’objectif face à la lune gibbeuse ceinte de son halo vermillon, puis prescrit à ses deux invités de placer l’œil à tour de rôle devant le p’tit appendice noir qui dépasse, afin d’observer plus en détail le curieux satellite, en leur expliquant comment manier le dispositif optique sur ses 3 axes mécaniques.

  – Les zones d’ombre que vous apercevez sous le plus gros des cratères, en D8, là, c’est le lieu d’alunissage de la mission des Chinois. À savoir les premières constructions qui y furent bâties et qui assuraient, ou assurent peut-être toujours, l’extraction des minerais. Mais si vous déplacez votre vision en deçà, à six heures, comme ça, vous pourrez observer ces étonnantes rangées scintillantes qu’on aperçoit à l’œil nu. Et qui ressemblent à s’y méprendre, vues de plus près, si vous voulez mon avis gratuit sur la question, à de gros panneaux solaires. Et ces choses incroyables pivotent sur elles-mêmes, sans jamais discontinuer. Il se pourrait bien même que les deux scories noires en tétraèdres rectangles, au niveau de la cinquième colonne, soient des engins de levage variété mammouth, qui mettent en place de nouveaux panneaux. Les rangées s’étendent, de semaine en semaine, lentement mais sûrement. Mais je vous ai pas encore montré le plus intéressant. C’est là, voyez :

  Quatre immenses silos ont poussé au nord-ouest du lac principal de panneaux, dessinant autant de cercles, on ne peut plus réguliers, qui singent assez mal les périmètres naturels des cavités cratériformes .

  Si vous regardez bien, alors qu’un de ces trucs a l’air parfaitement homogène, les trois autres paraissent plutôt se trouver à différents stades d’érection. Les éclairs pulsent d’ailleurs du seul silo tubulaire qui est achevé, mais ne rêvez pas, vous pourrez pas admirer quoi que ce soit avec ce machin-là : lorsqu’ils apparaissent, leur intensité est telle que mon pauvre télescope ne transmet qu’un vieil écran noir et blanc grésillant. En revanche, on peut imaginer sans peine que ces trois nouveaux canons, si c’est bien ce à quoi ça ressemble, vont quadrupler la quantité de tirs dirigés droit sur notre tronche. A l’allure à laquelle ces structures géantes évoluent, je dirai qu’elles seront probablement exploitables d’ici quelques mouants, mais bon c’est qu’une supposition perso qui n’engage que moi, évidemment. Personne ne peut en avoir le cœur net…

  Quoi qu’il en soit, ça demeure une énigme, commente Xavier, pour le coup pas très prolixe, mais visiblement captivé par ce cours d’astropocalyptique improvisé.

  – Vous avez entendu, bien sûr, les bruits qui courent, reprend le lutin savant, comme quoi chaque éclair annoncerait l’arrivée d’un déplacé… Nul ne peut en être certain, bien entendu. Mais ça fait que dans tous les cas que je vois arriver, la multiplication de ces étrangetés ne présage forcément rien de bon. Ça fait même aucun doute, vous voyez. Et, d’ici, on ne peut absolument rien y changer, du tout. Ce qui est désolant, quand même, vous en conviendrez.

 

 

 

 

  Tous cinq se retrouvent un moment dans la grande salle de ciné, ouverte sur le flot ininterrompu de feu. Tous contemplent, encore et encore, ce spectacle fascinant qu’est la terre vivante, en 3D [15] sans lunettes. La démonstration de puissance incommensurable de la roche des origines. Puis tous s’installent comme coqs en pâte au clair de lune, près du maxi potager de Zee, en amont de l’UGC brisé, sur le petit morne de terre que le volcan a malaxé. Tout autour, les éclats de la grosse géode de silex explosée par le monstre enragé peignent dans les ténèbres des cohortes de cavaliers fantômes fossilisés, qui combattent d’étranges golems rubiconds inachevés, mode Giger.

  Une terre stérile.

  Les chuchotements du feu s’y perdent en mélopées monotones, piégés au creux du labyrinthe de pierres. Cette voix aux fourches rauques d’un dialecte oublié. Plus proches, une dizaine d’octoléoptères non identifiés, et un sphinx prince splendide, s’affolent devant les quatre leds blanches d’une lampe de chevet solaire, bien décidés à perpétrer l’extinction programmée de leur genre.

  Ils s’endorment, las, là, sur ce lopin de terre sèche, naufragé et très hautement radioactif. Auprès de plants gorgés de chlorophylle fluo qui livrent, eux, fièrement, l’éternel combat. Le seul. Celui de la survie.

Chapitre 16
Chapitre 18

[15]   Désir Délire Déconne, NDA